DE HENRI III. [l58l]                            11J
avec M. de Joyeuse, deffendit à l'huissier de laisser en­trer aucun ; et dit l'huissier : « Et M. de Rets ? —Moins « que pas un, dit M. de Joyeuse. » M. de Rets arrivé, l'huissier lui dit qu'il lui étoit deffendu de le laisser en­trer. Lui étonné, et se doutant de ce qui étoit, le prie de le laisser entrer ; lui promit deux mil écus, s'il le faisoit ; et qu'il avoit assez de pouvoir de le garantir du cour­roux du Roy. Il entre ; de quoy le Roy s'étonna bien fort, et M. de Joyeuse. M. de Rets dit au Roy : « Sire, «je vous viens prier de me faire une faveur. Vous « n'avez encore rien donné à M. de Joyeuse, gentil homme le plus accompli qui soit en votre cour : per­et mettez-moy que je lui fasse un present de ma charge « de gentilhomme de la chambre. Je suis âgé. » Le Roy sembla résister; il le prie derechef : le Roy l'accepte, ct ledit sieur de Joyeuse, qui ne sçeut par quel témoi­gnage récompenser et accepter le don, sinon avec mille protestations d'amitié et de faveurs. ]
Le Roy donna à Ronsard et Baif (0, poètes, pour la belle musiqde par eux ordonnée, et pour les vers qu'ils firent, à chacun deux mil écus; et promit de payer au marié, dans deux ans, quatre cents mil écus pour la dot de la mariée. Et parce que tout le bien d'elle, qui lui pouvoit être échu des successions de ses pere et mere, ne pouvoit valoir plus de vingt mil écus au plus, le Roy fit intervenir au contrat de mariage le duc de Mercoeur, aîné de la maison de Vaudemont, pour faire valoir le bien de la mariée, sa soeur, cent mil écus, qu'il promit payer au duc de Joyeuse, en lui quittant
(-; Ronsard et Baïf': On a le ballet ordonné pour ces noces, sous le titre de Ballet comique de la Reine. La musique n'est pas de Ronsard ni de Baïf, qui ne se méloient que de poésie.